Christian Kevers :  » C’est sûr, les éditeurs belges peuvent faire preuve d’un peu plus d’audace « 

Christian Kevers portrait

Dans deux mois, Christian Kevers dira adieu à ce monde média qui l’intrigue et le passionne tant. Nous avons profité de l’occasion pour le sonder quant au regard qu’il porte sur le paysage média, d’hier comme d’aujourd’hui.

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Christian Kevers est l’homme qui a été témoin de tout ce qui a bien pu se produire : le développement des médias audiovisuels, leur commercialisation, l’essor d’Internet et, ensuite, la numérisation des médias… Lorsqu’il a entamé sa carrière, il n’y avait que les journaux, les magazines et l’affichage. Le bientôt ex-Managing Director de MediaCom dans notre pays est donc idéalement placé pour juger des évolutions qui ont marqué le marché du média magazine.

20 ans en tant que membre de la CT Presse

 » Lorsque de nouveaux médias émergent, il est logique que la part des médias existants diminue considérablement « , analyse Kevers.  » Cependant, chez le média magazine cette baisse est sensiblement plus importante que la diminution du nombre de lecteurs. Bien sûr, cela est lié à la force d’attraction des nouveaux médias, mais aussi au ROI, qui est difficile à mesurer suite à la grande longévité des magazines, au peu d’innovations qu’il y a et à la disparition de titres et de régies…  »

 » Enfin, je remarque que moins d’annonceurs et de planneurs média sont eux-mêmes des lecteurs magazine « , dit-il. En tout cas, Christian Kevers ne fait pas partie de cette faction.

 » J’adore les magazines « , glisse-t-il sans pouvoir cacher son enthousiasme.  » Ce sont des sources uniques de mise en contexte et d’analyse et de divertissement. « 

La meilleure preuve de son amour ? Cela fait quelque 20 ans déjà qu’il est membre de la Commission Technique Presse du CIM et en tant que président de la Commission Technique Cinéma aussi, il entretient des contacts réguliers avec les magazines (les chiffres d’audience des deux médias sont mesurés lors du même terrain). Kevers :  » Nous avons eu d’innombrables réunions pour encore améliorer l’étude d’audience presse et la rendre encore plus fiable. Hélas, cela n’a pas, ou pas encore, mené à une révolution dans les dépenses.  » On sent que ça le touche personnellement…

En attente de nouvelles initiatives

Quand nous demandons à Christian Kevers quelles sont à ses yeux les forces du média, il n’est dès lors pas surprenant de l’entendre évoquer une kyrielle de dimensions positives.   » La presse est le seul média à ne pas proposer de message fugace. On peut la lire et la relire tant qu’on veut. On peut même la découper et la conserver. En outre, le public est aussi très réceptif. Dans les magazines, la publicité n’est pas considérée comme intrusive. Elle en fait partie intégrante. Ensuite, on peut aussi vraiment détailler le message et celui-ci peut se retrouver dans un contexte rédactionnel adéquat. Je pense par exemple à un dossier spécifique ou à une annonce dans un magazine axé sur un centre d’intérêt ou un loisir.  »

Il y a dès lors peu de doute qu’il attend de nouvelles initiatives de la part des magazines.  » C’est sûr, les éditeurs belges peuvent faire preuve d’un peu plus d’audace, rebondir davantage sur les attentes des lecteurs « , dit-il.  » En ligne aussi, ce genre d’initiatives me manque encore, surtout lorsqu’on compare à la presse quotidienne. Enfin, les éditeurs doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour être plus attrayants, tant aux yeux du lecteur que de l’annonceur.  »

C’est un message clair, qui démontre aussi qu’il croit dur comme fer en l’avenir du média magazine.  » Tout cela prendra peut-être une autre forme, mais les consommateurs auront toujours besoin d’information et de divertissement.  » Même après ses adieux au média, Christian Kevers restera sans doute un de ses plus grands fans…

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