Tom Vander Sande : « Pour beaucoup de marques, nous sommes le premier média pour toucher leur public cible »

Tom Vander Sande, hoofdredacteur Motoren en Toerisme

Depuis 2 ans, le magazine de niche ‘Motoren en Toerisme’ fait partie de De Deeluitgeverij, ce qui lui a valu de rencontrer un joli succès. Tom Vander Sande, le rédacteur en chef du titre, raconte pourquoi passion et boulot peuvent ne former qu’un.

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D’où vous vient votre passion pour les magazines ?

Tom Vander Sande: « Pendant mes années d’étudiant, j’ai toujours trouvé qu’il était plus agréable de rallier Leuven à moto plutôt que de prendre le train. Quand, en 2003, j’ai obtenu mon master en journalisme, il m’arrivait de lire une nouvelle édition de Motoren en Toerisme. J’ai vu une annonce disant qu’on était à la recherche de nouveaux rédacteurs et je ne pouvais que réagir au quart de tour, bien sûr. Quelques mois plus tard, je tenais mon job de rêve. Car ne vous trompez pas : ce que nous faisons, c’est vraiment un travail de rêve. Nous sommes payés pour voyager et tester des motos, deux passions qui m’ont animé depuis ma plus tendre enfance. Entre-temps, cela fait 18 ans que je suis actif dans le monde de la moto. J’ai aussi travaillé un temps pour d’autres magazines, mais finalement je suis revenu chez Motoren en Toerisme, où je suis rédacteur en chef depuis trois ans. »

Revenons-en à Motoren en Toerisme. Dans quelle mesure le magazine a-t-il su tenir tête, jusqu’à présent, à la crise du corona ?

« Là où le secteur automobile a perdu 25 %, les motos ont enregistré une croissance de 1 %. C’est dès lors une des activités les plus sures. S’installer sur sa moto réduit le risque de contagion à zéro (rires). Cette stabilité s’est aussi reflétée dans notre magazine. Notre site Web a connu une croissance stable, mais nos magazines aussi ont continué de bien se vendre, de par le fait que les marchands de journaux – des magasins essentiels – sont restés ouverts. Suite à l’apparition du virus et à l’interdiction de voyager, nous nous sommes mis, en tant que magazine, à redécouvrir la Belgique. Nous avons tracé de nouveaux itinéraires et consacré plusieurs articles à des circuits à l’intérieur de nos frontières. Nos lecteurs l’ont vraiment apprécié et ont continué à marquer leur intérêt ; il n’y a rien de plus ennuyeux, quand tout le monde est confiné, que de lire à propos de voyages exotiques. »

Derrière ce magazine se cache la force d’une communauté tout entière. À quel point est-elle importante ?

« Nous avons une ligne très directe avec notre public, ce qui fait que dans notre mission notre communauté joue un rôle clé. Là où la plupart des magazines ont des abonnés, chez nous il s’agit plutôt d’un club. Les gens disent texto ‘je suis membre du club de Motoren en Toerisme’. C’est quelque chose qui leur tient fort à cœur, aussi parce que nous avons un lien très solide avec eux. Quand nous traçons par exemple des itinéraires, nous prenons à chaque fois des photos, que nous publions dans le magazine. Lorsque les motards empruntent alors ces routes, ils les reconnaissent parce qu’ils savent que nous sommes également passés par là. Le contraire est vrai aussi. On nous envoie régulièrement des reportages de voyage illustrés de photos. Ça ne marche pas toujours, mais de temps en temps nous nous efforçons d’en faire quelque chose. »

Motoren en Toerisme agit aussi en facilitateur entre la communauté et les marques.

« C’est exact. Pour beaucoup de marques, nous sommes le premier média pour toucher leur public cible. Ainsi, nous présentons de nouveaux modèles et rédigeons des articles dans lesquels nous comparons certaines choses. Nous tentons de resserrer au maximum le lien entre les marques et notre communauté, mais nous ne pouvons évidemment pas limiter notre collaboration à une seule organisation de voyage et une seule marque. Tout bien considéré, ce rôle de facilitateur n’est pas si évident. Voilà pourquoi nous nous efforçons de veiller à ce que plusieurs marques aient leur place. Nous organisons ainsi chaque année une ‘journée circuit’ à l’occasion de laquelle les marques mettent à disposition leur toute nouvelle moto pour des essais sur route. Hélas, l’an dernier cet événement est tombé à l’ eau. »

Quelle est la proportion on-line/off-line ?

« L’équilibre entre on-line et off-line n’étant pas toujours évident à trouver, nous avons dû réorienter quelque peu le focus. Sur le site Web, nous proposons un maximum de nouvelles quotidiennes et de communications autour de nouveaux produits. C’est aussi l’endroit où nos membres peuvent télécharger tous leurs itinéraires, trouver les infos pratiques d’usage et consulter notre catalogue numérique – le pendant de la version imprimée et, en partie, l’épine dorsale du site. Pour notre magazine, c’est différent. Avec un tirage de 13.000 exemplaires par numéro – nous comptons quelque 8 numéros par an –, nous veillons à ce que dans la version papier l’accent soit mis sur des articles longs et luxueux, qui parfois peuvent même faire 14 pages. Il s’agit alors souvent de récits de voyage illustrés de nombreuses photos. Outre le site Web et le magazine, nous avons aussi un catalogue annuel qui reprend toutes les informations concernant chaque moto disponible en Belgique. Tout compte fait, il s’agit cependant de chercher le bon équilibre entre on-line et off-line. »

Pour terminer : comment se présente selon vous l’avenir des magazines ?

« L’avenir très proche est toujours flou et quand on observe les chiffres, il est certain que nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge. Pourtant, je vois les choses évoluer de façon positive. En tant que magazine de niche, nous constatons à quel point les gens aiment continuer à pratiquer leurs loisirs, et à quel point nous restons importants dans ce sens. Je remarque du reste qu’outre le digital omniprésent, les gens retournent aussi un peu plus vers le papier. Le smartphone devient trop dominant. Les lecteurs aiment avoir entre les mains quelque chose d’authentique et à l’image des éditeurs ils cherchent un équilibre entre digital et print. Pour moi, les magazines ont donc assurément encore une raison d’être. »

Tom Vander Sande, hoofdredacteur Motoren en Toerisme Tom Vander Sande, le rédacteur en chef de Motoren en Toerisme

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