Le print est mort, vive le print !

La télévision a tué la radio. L’internet a rayé de la carte les médias hors ligne. Le print est mort. Toutes des déclarations qui aujourd’hui se révèlent absurdes. Aucun nouveau média n’a supprimé ses prédécesseurs. Il s’avère même que le print – les magazines et les journaux – connaît un renouveau. Une mise à l’honneur s’impose.

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Jadis, avant la Révolution française, « Le roi est mort, vive le roi ! » permettait d’exprimer que la royauté était perpétuelle : le trône n’était jamais vide. Finalement, on s’est vu obligé d’abandonner cette idée. Le temps viendra certainement où nous ne nous servirons plus du papier comme support d’information. Ce temps n’est cependant pas encore arrivé.

Rares sont ceux ou celles qui n’aiment pas feuilleter un magazine. C’est une antidote fantastique contre l’addiction aux écrans qui nous afflige. Nous apprécions tous une information fiable et de qualité, relayée dans un cadre approprié, sans distraction. Les amateurs ou experts passionnés le confirmeront : lorsqu’il s’agit d’inspiration et de temps bien investi, rien ne vaut un magazine imprimé.

Les forces immuables des magazines imprimés sont et restes pertinentes tant pour les lecteurs que pour les annonceurs. C’est ce que soulignent une nouvelle fois la FIPP et UPM dans un nouveau livre blanc intitulé ‘Media’s Future in a Post-COVID World’. Les deux enseignes relèvent une série de tendances ayant des effets positifs sur le print.

1re TENDANCE. Plus d’abonnements, notamment à des titres de niche

La couverture médiatique consacrée à la presse  écrite en début de pandémie était généralement axée sur l’impact négatif sur les publicités imprimées et les ventes en kiosque. Ces rapports passaient toutefois à côté d’un effet inverse de la pandémie, à savoir celui sur les ventes de nombreux magazines de niche.

Selon Samir Husni, ‘Mr Magazine’ et professeur à la School of Journalism de l’université de Mississippi, les abonnements print ont augmenté de 25 à 30 % pendant la pandémie. Husni n’est pas le seul à l’avoir relevé. Nous l’avons également constaté dans notre propre pays.

2e TENDANCE. Le temps investi augmente

La tendance relevée pendant les premiers confinements, lors desquels les lecteurs consacraient plus de temps au print, semble se confirmer. « Il y a des indications que la bosse numérique du corona est en train de se réduire », déclare Damien Ratcliffe, professeur de journalisme à l’université d’Oregon.

Le ‘Baromètre COVID-19’ de Kantar a également enregistré une tendance au print, qui s’éloigne du digital. « Il est surprenant de constater que, ces derniers temps, notre existence numérique a quelque peu perdu de son charme. La consommation des médias sociaux a diminué considérablement après la forte croissance initiale en début de pandémie », signale Kantar.

Découvrez aussi la présentation MAGnify de Kantar ici 

3e TENDANCE. Les produits tangibles sont davantage appréciés

Après plus d’un an d’expériences principalement virtuelles, les consommateurs désirent ardemment pouvoir mettre la main sur quelque chose de tangible. Les magazines imprimés s’avèrent être un de ces éléments haptiques. Tout porte à croire que cette tendance se poursuivra après la pandémie, notamment dans des niches spécifiques (les ‘passion points’ – lire plus ici).

Un exemple international : Burda Create!

« Les travaux d’aiguille ne sont pas seulement bons pour l’environnement, ils le sont aussi pour la santé mentale », dixit Henning Röper, CEO de Burda Create!, une filiale de Hubert Burda Media. « Les nombres de nos abonnés à Burda Style, Burda Easy et Burda Knitting sont en augmentation. Voilà pourquoi nous continuons à croire en la puissance des magazines imprimés. Les magazines de travaux d’aiguille et de bricolage continuent à exister. »

Autre exemple : BBC Gardeners’ World

Le tirage du magazine a augmenté de 33 % sur base annuelle pour atteindre 227.000 exemplaires dans la seconde moitié de 2020. Sur un an, les abonnements ont augmenté de 37 % à 162.000, ce qui revient à 71 % du tirage total. « En tant que marque, nous sommes fortement focalisés sur le print parce que nous avons une connexion profondément enracinée avec le lecteur lorsque celui-ci tient quelque chose en main », dit Lucy Hall, rédactrice.

Troisième exemple : Iceberg Press

« Rien ne vaut un magazine flambant neuf glissé dans votre boîte aux lettres pour tomber sur votre paillasson. C’est formidable de tenir quelque chose de tangible qui sera source de plaisir », dit Lisa Sykes, cofondatrice d’Iceberg Press.

Sykes et ses deux partenaires ont confiance en leur produit physique de qualité. Ils ont considérablement augmenté le nombre de pages et la qualité de papier de leur publication, The Simple Things, et sont partis du principe que si le magazine présentait bien et plaisait au toucher, les gens seraient prêts à débourser 5 £ (plus tard 6 £). Ce fut le cas : les ventes ont augmenté.

4e TENDANCE. Avec leur argent, les lecteurs plébiscitent les pratiques durables

En juin 2020, une étude IBM a entre autres permis d’établir que parmi 18.000 consommateurs de par le monde, « chaque catégorie d’âge indique que la durabilité et les paramètres de bien-être personnel et/ou environnemental sont des considérations majeures dans la sélection de marques. »

Les éditeurs ne sont pas sourds à cette tendance. « L’attitude du consommateur est désormais un moteur important pour l’action climatique au sein de la maison d’édition », dit Tom Reynolds, Production Director chez TI Media.

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« L’identification de nouvelles façons d’être durable est désormais un élément stratégique de l’entreprise. C’est motivé en partie par le désir de nos lecteurs d’acheter auprès de sociétés durables. Nous l’avons constaté de première main dans notre propre société lorsqu’on nous a demandé de remplacer le ‘polyfoil’ par du papier aluminium. Cela provenait directement de demandes du consommateur. »

« Nous utilisons des journaux recyclés pour la partie instruction de notre magazine et les feuilles de patrons, et notre papier calque 100 % recyclable a une couche de cire végétale et végane », dit Henning Röper de Burda. « En outre, tous nos produits sont emballés dans du carton ou du papier aluminium recyclé et ils sont produits en Europe. Burda Style s’investit pour soutenir la transition totale vers un consumérisme durable. »

5e TENDANCE. Le print : l’antidote contre la surcharge digitale

Nombreux sont ceux qui, chaque jour, sont scotchés devant leur écran des heures et des heures durant. Ils en ont marre du digital. Le print est plus qu’une alternative au numérique, c’est une antidote.

Le print est aussi dénué d’angoisse. Les lecteurs de print ne doivent pas s’inquiéter d’infractions à la vie privée, de vols de données, d’écrans pop-up, de courriers indésirables, de pannes de courant, de problèmes de confiance, d’interruptions irritantes ou de trop de temps d’écran. Lorsqu’ils lisent quelque chose en version imprimée, les lecteurs ont tout le loisir de se détendre.

Source : Media’s Future in a Post-Covid World 

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